Quand tu sors de la tempête, tu n’es plus la même personne. C’est ça, la tempête.
Haruki Murakami

Il y a des jours où tout pèse. Où même le silence semble trop bruyant. Des jours où ton propre corps murmure "stop", sans te dire précisément à quoi. Des jours gris, à l'intérieur. Personne ne le voit vraiment, mais en toi, c’est un mélange flou de fatigue, d’émotions emmêlées et de pensées en vrac. Dans ces moments-là, il n’y a pas toujours de grandes réponses ni même de solution miracle. Mais parfois, un simple geste suffit. Un seul.

Moi, ce geste, je l’ai trouvé un jour dans la pâtisserie. Un autre dans le rangement obsessionnel de ma maison. Tu sais, le genre de rangement où tu vides les placards comme on viderait sa tête. Où tu changes les meubles de place comme pour réorganiser l’intérieur de toi-même. Ce n’est pas une lubie. C’est une forme de retour à soi. De tentative de mettre de l’ordre là où c’est devenu trop flou. Et puis parfois, ce sont les meringues qui m’appellent. Oui, les meringues. Je sais ce n’est que du sucre, tu me diras. Mais ce sucre-là, quand il fond sur la langue, il adoucit aussi quelque chose en moi. Et cette fois-là, j’avais envie de pavlova à la framboise et au citron, quelque chose de doux et acidulé, comme la vie quand elle hésite entre te gifler et te consoler.

Ce n’est pas anodin. Quand le mental déborde, les mains, elles, savent retrouver l’ancrage. Battre les œufs, peser la farine, lisser la pâte. Ce sont des gestes simples, mais puissants. Des gestes qui ramènent au présent, qui recentrent. C’est comme si, en enfournant un gâteau, on enfournait aussi une part de notre chaos intérieur. Et ce qui en ressort, ce n’est pas seulement une odeur sucrée : c’est un morceau de soi un peu apaisé. Cuit à cœur. Plus digeste. Plus doux.

Car traverser une tempête, ce n’est pas forcément lutter contre soi. C’est accepter la mue. C’est comprendre qu’on ne choisit pas toujours d’aller mal, mais qu’il y a, dans ce vacillement, un réajustement qui se met en place. Quelque chose se réorganise. Lentement. Parfois dans la douleur, parfois entre deux fournées, ou entre deux piles de linge plié. Quand tu ne ranges plus chez toi depuis des semaines et que soudain, tu t’y remets, ce n’est pas juste de l’ordre extérieur que tu retrouves. C’est un peu de clarté mentale qui revient.

La tempête, n’est pas forcément l’ennemie. C’est un passage. Un couloir intérieur que l’on n’aurait pas choisi de prendre, mais qu’il faut pourtant traverser. Elle gratte, elle dérange, elle oblige à ralentir. À écouter ce qu’on a trop longtemps essayé de taire. Et ce qu’il y a de beau, c’est que tu ne l’as pas seulement traversée. Peut-être, comme moi, tu lui as trouvé un exutoire. Une façon d’en faire quelque chose. Et ça, c’est un acte de résilience, pur et sincère.

On imagine souvent que la résilience, c’est grandiose et épique. Qu’elle s’écrit avec des cicatrices et des romans de reconstruction. Mais non. La résilience, parfois, c’est minuscule. C’est fragile. C’est faire un gâteau au lieu de sombrer, c’est répondre à un message, ranger une étagère, dormir, boire de l’eau, faire du sport.  C’est continuer, un petit peu, même si ça tangue. Même si c’est flou. C’est un refus, têtu, de s’éteindre complètement.

Et si tu es là, aujourd’hui, à lire ces lignes, à chercher du sens, à reconstruire doucement ton monde, alors oui. Tu es déjà en train de la cultiver. Elle n’est pas toujours spectaculaire, mais elle est là, discrète et fidèle.

Et crois-moi, elle a souvent le goût du sucre, du citron, ou encore du chocolat (l’amour de ma vie) et de la vie qui revient doucement.

 

26/04/2025

Des Mots et des Réflexions

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